( exrait de série de 70 pièces )






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hacia el norte norte norte
désert
Llay Llay
la route serpente en lacets
jaunes parsemés de buissons verts
roches violettes
palmiers
montagnes floues dans la lumière
au loin
plus rien
entrer dans un nuage
l'horizon brume
puis le ciel bleu
lumineux
la chaleur est palpable
je me dépouille
2ème piso de l'autobus
en haut et devant
écran ciné-paysage
l'autoroute est lisse
les camions vont droit aux mines
la sécheresse et la végétation coexistent
s'entremêlent
le maté enivre les paupières
la brume tombe sur l'horizon et bientôt avale le véhicule
excitée d'entrer dans un tunnel
ou l'impression de sortir de quelque chose
exit l'angoisse humide des ravins et des sangsues
capital de las flores
des cabanes défoncées
des tons délavés
l'air poussière
canicule
l'océan à l'infini
les montagnes floues à l'infini
du maté à l'infini
la panaméricaine à l'infini
l'ivresse à l'infini
la sécheresse et les nuages qui mangent les monts
des triangles en pente douce
pichidangui
la panaméricaine, les ponts, les pompes, les poids lourds
à l'infini
la langueur, la torpeur, la chaleur
à l'infini
la terre brûlée et les oiseaux noirs qui tournent
les nuages de fumée
la route suit une ligne continue
la route de l'insomnie, de l'épuisement
du délire
la voie ferrée, fantomatique, en parallèle
quelques rares bâtisses
au-delà n'est que désert de roche, terre aride, montagnes
des lamas, une pompe, des palmiers, des buissons déssechés
une flèche
l'air comme enfummé
les fleurs dressées dans la mort
relais électriques
camion cristal
road trip chile norte
jaune vert lumière
une bourgade
un embarcadère puerto puerto
au loin les oiseaux noirs
un tapis de sel
chardons
air poussière
playa amarilla
terre abîmée, érodée,
rendue à sa poussière dans la gueule du ciel
et l'océan que le vent balaye
le vent messager
le vent, le mouvement
puerto oscuro
arbres, ruines
cactus en plaines brûlées
cactus qui rythment
comme des mains sortant de terre
les doigts raides et serrés d'un mort
tendus, crispés vers le ciel
en un rictus qui dit peace ou fuck off
cactus
troupeau de bites de chats
des éoliennes tournent à du 2 à l'heure ou pas du tout
plus d'eau, soif et cristal
devenir océan de sel
devenir cactus
plus au nord encore
plus au nord
vers le soleil qui brûle
l'infini soleil
qui va jusqu'à sucer mon ombre
pour goûter au plaisir infini
ici le pays de l'infini
l'infini mortel
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les dessins seront visibles du 13 mars au 10 avril 2016 dans le cadre de l'exposition collective de dessin:
Cette chose sans nom d’entre rire et sanglot qui bouge en nous, qu’il faut tirer de nous et qui, diamant de nos années après le sommeil de bois mort, constellera le blanc du papier*
Lieu : au centre culturel, place de Grand-Marchin, 4 à 4570 Marchin
Horaire : vendredi, samedi et dimanche, de 14h à 17h ou sur rdv (fermeture le dimanche 27 mars)
http://www.centreculturelmarchin.be/expositions.php
* Michel Leiris (1901-1990), in Haut mal suivi de Autres lancers, © Poésie/Gallimard, 1969